Observatoire de la santé 2020 – Accès aux soins : les inégalités territoriales ne sont pas une fatalité

Dans l’édition 2020 de son Observatoire, la Mutualité Française décrypte la question des inégalités géographiques d’accès aux soins des Français. D’un côté, la demande de soins s’accroît à tous les âges de la vie. Pour des raisons de santé, sociétales et générationnelles, les Français recourent en effet davantage au système de santé, une tendance s’accentuant avec le vieillissement de la population. D’un autre côté, les Français sont confrontés à une densité médicale disparate et qui va s’amenuisant, notamment en raison d’une vague de départs à la retraite de médecins. Dans ce contexte, le système de santé et les mesures mises en place ces dernières années (délégation d’actes médicaux, téléconsultations, exercice regroupé/Centre et Maison de santé) sont perçues et appréhendées diversement par les Français ou les professionnels de santé.

Participez à la présentation de l'observatoire en visioconférence

L’observatoire 2020 sur les inégalités territoriales d’accès aux soins vous sera présenté le jeudi 3 décembre en visioconférence de 10 h 30 à 12 h 30. C’est gratuit mais sur inscription, >> ici !

Des mesures à amplifier et accompagner

Cependant, des solutions, déjà testées, existent, sur l’organisation des soins, mises en place par les pouvoirs publics ou par les professionnels de santé et peuvent enrayer l’accroissement des inégalités. A travers cet Observatoire et ses conclusions, la Mutualité Française, dans le prolongement du Ségur de la Santé fait plusieurs propositions concrètes pour réduire les inégalités territoriales.

 

Un système de santé plébiscité par les Français mais critiqué par les professionnels

Alors que la crise sanitaire aurait pu renforcer un sentiment de défiance envers le système de santé, les Français considèrent qu’il a su tenir en cette période difficile.

  • 70 % estiment que le système de santé fonctionne bien en France (+ 7 points en un an).
  • 63 % estiment que ce système permet à tout un chacun de se faire soigner (+ 11 points en un an).

Ce sont les publics hier les plus critiques à cet égard, notamment les plus âgés, qui ont le plus vu leur perception s’améliorer au cours des derniers mois. Y compris dans les régions fortement touchées par la Covid au printemps (notamment les régions Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté).

En revanche, même si les professionnels de santé considèrent que le système de santé est qualitatif, généreux et protecteur, leur attachement est mis à rude épreuve par les difficultés rencontrées au quotidien et le sentiment d’un manque de perspectives concrètes d’améliorations. Sont pointés par les professionnels de santé :

  • une déresponsabilisation des patients qui peut amener à une « surconsommation » des soins, et à un gaspillage important de médicaments ;
  • un fossé qui se creuse de plus en plus entre l’hôpital et la médecine de ville ;
  • une absence de revalorisation des actes ;
  • un sentiment d’être peu entendus par les pouvoirs publics.

Des mesures d’autant plus nécessaires compte tenu de l’augmentation de la demande de soins et de la contraction de l’offre médicale

Focus régional PACA de l'observatoire de la santé 2020

Tous droits réservés à Mutualité Française – Cliquez sur l’image pour l’agrandirLes plus de 60 ans représentent plus d’un quart (27 %) de la population aujourd’hui et en représenteront près d’un tiers (32 %) dans 30 ans. Ce vieillissement de la population se couple à une augmentation de la consommation médicale à tous les âges de la vie (et notamment chez les jeunes) pour des raisons de santé (hausse des pathologies chroniques et polypathologies), mais aussi pour des raisons plus sociétales et générationnelles (comportements des patients et des professionnels de santé, progrès technique, règlementation…).
Ces deux facteurs qui vont en s’accentuant se percutent avec une offre de soins inégale en raison de professions médicales mal réparties sur le territoire. Alors que plus d’un Français sur 10 vit dans un désert médical, cette situation va continuer à se détériorer avec les départs à la retraite dans les 10 prochaines années. Ainsi on estime à 13 % la baisse du nombre de médecins généralistes entre 2010 et 2025. Les conséquences directes en sont des renoncements aux soins du fait des délais d’attente, des prises en charge inefficientes du fait de la difficulté à trouver un médecin traitant et une augmentation des inégalités sociales de santé.

Les plus de 60 ans représentent plus d’un quart (27 %) de la population aujourd’hui et en représenteront près d’un tiers (32 %) dans 30 ans. Ce vieillissement de la population se couple à une augmentation de la consommation médicale à tous les âges de la vie (et notamment chez les jeunes) pour des raisons de santé (hausse des pathologies chroniques et polypathologies), mais aussi pour des raisons plus sociétales et générationnelles (comportements des patients et des professionnels de santé, progrès technique, règlementation…).

Ces deux facteurs qui vont en s’accentuant se percutent avec une offre de soins inégale en raison de professions médicales mal réparties sur le territoire. Alors que plus d’un Français sur 10 vit dans un désert médical, cette situation va continuer à se détériorer avec les départs à la retraite dans les 10 prochaines années. Ainsi on estime à 13 % la baisse du nombre de médecins généralistes entre 2010 et 2025. Les conséquences directes en sont des renoncements aux soins du fait des délais d’attente, des prises en charge inefficientes du fait de la difficulté à trouver un médecin traitant et une augmentation des inégalités sociales de santé.

Des propositions pour réduire les inégalités territoriales et répondre à la demande de soins

Des constats dégagés par cet Observatoire et sur la base des résultats observés suite aux mesures ou organisations mises en place ces dernières années, en partie utiles mais nécessitant des adaptations et améliorations, découlent 5 pistes de réforme que la Mutualité Française a porté dans le cadre du Ségur de la SantéLa Mutualité Française propose ainsi de développer le partage de compétences en s’appuyant sur les compétences et le maillage territorial de certaines professions (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pharmaciens par exemple) pour pallier les insuffisances de l’offre médicale dans certaines zones.

Pour accompagner le développement des téléconsultations, elles doivent entrer dans le droit commun de la prise en charge par l’assurance maladie obligatoire et complémentaire. La Mutualité Française propose également de poursuivre l’extension du périmètre des professionnels autorisés à pratiquer du télésoin.

La Mutualité Française propose de développer des espaces de santé pluriprofessionnels qui généralisent la coopération des intervenants de ville. Libre à eux de choisir l’organisation qui conviendra (en particulier regroupement sur un seul lieu type Maison de santé et/ou en s’appuyant sur les technologies numériques). Ces espaces doivent permettre d’assurer la continuité du parcours des patients en positionnant le premier recours comme la porte d’entrée dans le système. Dans un délai de 5 ans cette nouvelle organisation devrait pouvoir remplacer l’exercice isolé reprenant en cela les objectifs fixés par le président de la République dans la loi « Ma santé 2022 ».

Enfin, pour assurer la coordination autour du patient et sur un territoire, la Mutualité Française propose d’internaliser la fonction administrative de coordination territoriale (CPTS) au sein des structures d’exercice coordonné. Ces structures auraient également la possibilité d’être désignées comme « équipe traitante » afin de mieux assurer l’accessibilité, la continuité et la qualité des soins.