Le coronavirus a éclipsé toutes les maladies ! C’est le constat inquiétant des médecins qui tirent la sonnette d’alarme. Les malades hors covid-19 hésiteraient à se rendre à l’hôpital de peur de contracter le virus. Certains hésitent aussi à poursuivre leurs traitements. On répond à toutes vos questions dans cet article.
Vous êtes malade chronique ? Vous avez un traitement mais votre ordonnance est périmée ? En raison du confinement vous n’avez pas eu le temps de renouveler l’ordonnance auprès de votre médecin et vous ne savez pas comment faire. Pas d’inquiétude. En raison du contexte sanitaire, le gouvernement a mis en place la prolongation automatique des ordonnances pour les traitements chroniques. Ainsi, vous pouvez vous rendre dans votre pharmacie habituelle avec votre ordonnance expirée. Le pharmacien vous délivrera le traitement en apposant le tampon du jour sur l’ordonnance et le nombre de boîtes qu’il vous aura remis de façon à ce que ces médicaments soient remboursés par l’Assurance maladie dans les conditions habituelles.
Angines, grippes, gastro… vous êtes malades et vous souhaitez consulter. Que faire ? Depuis le début de l’épidémie, la téléconsultation est en plein boom. Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon incite d’ailleurs les français à privilégier ce mode de consultation pour respecter au mieux les règles du confinement et limiter le risque de propagation du covid-19. Vous pouvez donc demander une téléconsultation à votre médecin traitant si vous ne souhaitez pas vous déplacer. Vous pouvez également consulter d’autres professionnels de santé. Les femmes enceintes peuvent par exemple consulter en ligne des sages-femmes qui assureront le suivi de la grossesse et pourront répondre à toutes les questions des futures mamans. En cas de symptômes du covid-19 (toux, fièvre, douleurs musculaires, difficultés à respirer) Jérôme Salomon invite les français à passer dans un premier temps par la téléconsultation afin d’éviter tout risque de contamination. La téléconsultation dans le cas du covid-19 est d’ailleurs pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie depuis le mercredi 18 Mars.
En dehors du Covid19, peut-on encore se rendre à l’hôpital?
Les médecins constatent une baisse significative de la fréquentation des hôpitaux pour les malades hors covid-19 ( -50% pour les AVC et les infarctus) depuis l’épidémie de coronavirus. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment car selon les spécialistes, les malades chroniques préfèrent suspendre leurs soins plutôt que d’aller à l’hôpital.
Dans un entretien qu’il accorde au magazine Les Echos sur la permanence des soins, le président du conseil national de l’Ordre médecins, Patrick Bouet explique que sur l’ensemble du territoire les hôpitaux enregistrent en moyenne une chute de 30 à 40 % des hospitalisations et ce, malgré l’explosion de la téléconsultation, qui a enregistré 486.369 actes facturés entre le 23 et le 29 mars, selon l’Assurance-maladie.
Résultat, les hôpitaux accueillent de plus en plus de patients en état de complication grave parce qu’ils n’ont pas consulté aux premiers symptômes. En Italie et en Espagne, le chiffre grimpe à 70% ce qui veut dire que 7 patients sur 10 ne se rendent plus à l’hôpital ! A cause de ces comportements, les spécialistes craignent, après l’épidémie, une surmortalité de malades qui n’auraient pas poursuivi leurs traitements ou ne se seraient pas rendus à l’hôpital à temps.
Rappelons qu’à eux seuls les AVC et les infarctus sont responsables de 70 000 décès chaque année en France. Renoncer à poursuivre ses soins c’est prendre le risque de voir sa maladie s’aggraver ! Dans une note sur l’organisation des soins publiée par France Assos Santé, le collège de médecine générale s’inquiète de cette désertification et rappelle que les soins de santé primaires sont ceux qui ont le plus d’impact sur la mortalité.
D’autant que les hôpitaux sont opérationnels et ont mis en place une organisation interne capable d’assurer la permanence des soins aux malades hors covid-19. C’est le cas de l’hôpital d’Aix-Pertuis qui a déclenché le Plan Blanc depuis le 14 Mars. Le port du masque est ainsi obligatoire pour tous les professionnels de santé, les interventions chirurgicales sont suspendues, les visites interdites, un dépistage est organisé pour les personnes atteintes du covid-19 qui risqueraient de voir la maladie s’aggraver, enfin le 5 étage du bâtiment Cézanne s’est transformé en unité spéciale covid-19 elle-même séparée en deux zones : l’une pour la surveillance et le dépistage des patients l’autre pour la prise en charge des malades infectés par une équipe dédiée et un infectiologue. Un numéro vert régional a également été mis place pour répondre à toutes les questions en cas de doute (n°d’information régional en Paca : 08 00 73 00 87 Appel gratuit de 9H à 19h, 7j/7). Toutes ces précautions sont prises pour enrayer l’épidémie mais aussi pour permettre aux malades hors covid-19 de poursuivre leurs soins ! Il faut donc prendre soin de soi, poursuivre son traitement (sauf avis médical contraire), respecter les gestes barrières et se rendre à l’hôpital si cela est nécessaire !
Faut-il appeler le 15 ?
Appeler le 15. C’est le mot d’ordre des médecins qui rappellent l’importance de ce numéro en cas d’urgence ! Attention toutefois à ne pas surcharger une ligne déjà saturée par de nombreux appels. N’oubliez pas qu’en cette période de printemps, le rhume des foins et les allergies reviennent. Ne cédons pas à la panique. Derrière chaque toux et chaque nez qui coule ce n’est pas forcément le covid-19 qui se cache.
En cas de doute ou de symptômes persistants, contactez d’abord votre médecin généraliste qui vous conseillera sur la marche à suivre. En revanche, certaines maladies ne peuvent pas attendre ; c’est le cas par exemple des AVC et des infarctus où la réactivité est très importante. Il faut rapidement prendre en charge le patient car les premières heures sont déterminantes.
Dès les premiers symptômes, (paralysie, perte d’équilibre, troubles de la vue ou du langage pour un AVC ; palpitations, douleurs thoraciques, manque d’air à l’effort comme au repos, malaise pour un infarctus chez un homme et nausées, vomissements, faiblesse inattendue et fatigue ; anxiété et nervosité inhabituelles ; indigestion et ballonnements ; sensation de pesanteur ou de compression au niveau de la poitrine entre les seins ou au niveau du sternum ; douleur entre les omoplates pour un infarctus chez une femme) il faut agir et ne pas hésiter à appeler les secours!
Pour aller plus loin:
Le Ministère des Solidarités et de la Santé a, quant à lui, fait paraître une fiche récapitulative des conditions de prise en charge pour les patients hors covid-19 (Prises en charge chirurgicales urgentes ou ne pouvant être différées ; Maladies chroniques ; Suivi des femmes enceintes et en post accouchement ; Suivi des jeunes enfants ; Santé sexuelle ; Prise en charge des femmes et des enfants victimes de violence ; Maladies transmissibles ; Troubles psychiques).