Hausses des dépenses de santé, transferts de charges, revalorisation des salaires et honoraires pèsent sur les cotisations des mutuelles en 2024

En 2024, les cotisations des mutuelles augmenteront de 8,1% en moyenne. La Mutualité Française vous explique cette hausse indispensable à la viabilité du modèle économique des mutuelles et au maintien d’un accès à des soins de qualité pour tous les Français.

8,1 % de hausse en moyenne en 2024

Selon l’enquête de la Mutualité Française réalisée auprès de 38 mutuelles représentant 18,7 millions de personnes protégées : en 2024, les cotisations des mutuelles augmenteront de  8,1% en moyenne.

Les contrats individuels (1), qui concernent notamment les retraités et les jeunes, augmenteront moins, de 7,3%.

Les facteurs qui expliquent cette hausse

  • L’augmentation des dépenses de santé en France. Depuis  20 ans, la croissance des dépenses de santé est forte (+33%). Cela est dû au vieillissement de la population, à l’augmentation des maladies chroniques et de la prise en charge de patients en affection de longue durée (ALD)

  • Les nécessaires revalorisations des consultations médicales au 1er novembre 2023, +1,50€ (2) et les hausses des tarifs hospitaliers indispensables pour garantir l’attractivité des métiers du soin.
  • Les transferts de dépenses de l’Assurance maladie vers les complémentaires santé :
    • 500 M€ en dentaire en année pleine (3).
    • Au total, ce sont 1,3 Md€ de dépenses supplémentaires sur les prochaines années.

Comment les mutuelles utilisent les cotisations des adhérents ?

L’essentiel des cotisations est mis au service des adhérents, puisque les mutuelles ne font pas de bénéfices.

  • 81% des cotisations sont consacrées au remboursement de soins (4).
  • 19% identifiées comme des  » frais de gestion » recouvrent des dépenses de natures diverses (des actions de prévention et d’éducation à la santé, l’action sociale et les coûts associés au tiers payant, les réseaux de soins facteurs de réduction du reste à charge des adhérents etc).

Les mutuelles doivent être à l’équilibre

En tant qu’organismes à but non lucratif, les mutuelles ont l’obligation réglementaire d’être à l’équilibre. Contrairement à l’Assurance maladie, elles ne peuvent pas générer de dette pour financer leurs dépenses et compenser un déficit.

La hausse des cotisations de 8,1% en moyenne en 2024 est donc une nécessité. Cela permet d’absorber les dépenses qui ne cessent d’augmenter globalement et de continuer à fournir des prestations de qualité, tout en assurant un reste à charge le plus faible d’Europe.

Un enjeu de santé publique

L’implication des mutuelles est essentielle pour maintenir un accès à des soins de qualité pour tous et rassurer les citoyens alors que la désertification médicale s’accélère. Ces chiffres en attestent :

8 Français sur 10 sont inquiets concernant l’avenir de la protection sociale et près de 4 sur 10 se déclarent même « très inquiets », alors que 87 % de la population est concernée par les déserts médicaux selon le sondage Harris Interactive, réalisé en septembre 2023, dans le cadre de la première édition du Carnet de santé de la France pour la Mutualité Française.

La Mutualité Française prône une réforme du système de santé

« Cette année encore, les mutuelles ont réussi à limiter la hausse à 8,1%. Toutefois, ne nous trompons pas de combat. Il nous faut une réforme structurelle de la prise en charge de la santé des Français, sans laquelle, nous pourrons continuer de nous donner rendez-vous chaque année à la même date et pour les mêmes raisons. Nous appelons à une mobilisation collective des acteurs de la santé » conclut Éric Chenut, Président de la Mutualité Française.

Par ailleurs, la Mutualité Française préconise de revenir sur la Taxe de solidarité additionnelle (TSA). Chaque contrat de santé est taxé à hauteur de 13,27 %, payé par l’adhérent reversé à l’Etat pour financer la Sécurité sociale.

(1) les contrats individuels concernent 64% de la population couverte.

(2) La revalorisation de la consultation des généralistes de 1,50€ a été estimée à 96 millions d’euros pour les organismes complémentaires. Par ailleurs, l’augmentation de différents actes médicaux/paramédicaux après déduction des mesures d’économie prévue a été chiffré à + de 800 millions d’euros sur 6 ans pour les complémentaires santé.

(3) Depuis le 15 octobre 2023, les mutuelles prennent en charge 40% des soins dentaires contre 30% auparavant. Ce transfert de dépenses de l’Assurance maladie sur les soins dentaires a été chiffré à hauteur de 500 millions d’euros par an pour les complémentaires.

(4) Chiffres issus du rapport DREES 2022.