Générations pilules, où en sommes-nous ?

Le 8 mars 2013, lors du colloque « La santé des femmes », Etienne Caniard, président de la FNMF a réaffirmé l’engagement de la Mutualité sur la thématique de la contraception. L’accès à cette dernière est un axe majeur de la santé des femmes, une priorité de santé publique notamment pour les plus jeunes. Alors que le recours à la pilule en France est le plus élevé au monde, face au scandale provoqué par les pilules de 3ème et 4ème génération, la Mutualité Française souhaite informer le public sur l’ensemble des choix possibles pour une contraception personnalisée, s’engageant ainsi auprès des pouvoirs publics dans leur campagne de communcation.

La première question à se poser est : comment reconnaît-on une pilule de 1ère, 2ème , 3ème ou même 4ème génération ?

  • Les pilules de 1ère génération (1G) sont apparues dans les années 60. Ce sont des pilules qui sont très fortement dosées en œstrogènes. La plus connue était « stédiril ».Aujourd’hui une seule pilule de cette génération est encore commercialisée en France c’est « triella ». Les effets secondaires de ces pilules sont : gonflement des seins, migraines, nausées troubles vasculaires.
  • Les pilules de 2ème génération (2G) sont apparues dans les années 70 et 80. Le dosage a changé. Ces pilules contiennent des progestatifs (norgestrel et névonorgestrel). Ce changement moléculaire a permis de réduire des effets secondaires lié à la 1G. Le risque de thrombose veineuse reste présent parmi les effets secondaires.
  • Les pilules de 3ème génération (3G) sont apparues dans les années 90. Elles contiennent un nouveau dosage synthétique de progestérone (désogestrel, gestodène, norgestimate). Elles sont censées limiter un peu plus les effets indésirables notamment en ce qui concerne l’acné, nausées et douleurs mammaires mais présentent un risque plus élevé de thrombose veineuse.
  • Les pilules de 4ème génération (4G) sont celles qui viennent d’être commercialisées récemment. Elles contiennent un nouveau progestatif (drospirénone). Les effets secondaires sont les mêmes que les pilules 3G c’est-à-dire un risque plus élevé de thrombose veineuse.

Dès 1995, des études scientifiques suggèrent un risque plus élevé de thrombose lié aux pilules 3G et 4G.

En 2000, la revue « prescrire » encourage les médecins à ne pas prescrire ces pilules en première intention.

En 2007 et en 2012 la Haute Autorité de Santé (HAS) fait de même.

En décembre 2012 une première plainte est déposée contre un fabricant pour atteinte involontaire à l’intégrité de la personne.

On peut donc comprendre l’inquiétude des françaises quand on sait que le contraceptif en France le plus prescrit est la pilule. C’est peut-être l’occasion de revoir ce modèle, car il existe d’autres moyens de contraception proposés aux femmes. Il en existe 12 plus précisemment et qui sont détaillés sur le site mis en place par les pouvoirs publics : http://www.choisirsacontraception.fr/

La pilule est un médicament et une poly-consommation médicamenteuse n’est jamais anodine : elle peut  augmenter les risques d’accidents de santé lorsqu’elle est combinée à des facteurs de risques (tabac, alcool, autres médicaments qui peuvent annuler l’effet contraceptif). Le risque zéro n’existe pas et afin de le négliger le moins possible lors d’une prescription, des questions s’imposent.

Pour exemple d’après le Dr Marc Zaffran plus connu sous le nom de Martin Winckler (auteur du livre la contraception mode d’emploi) voici des réponses essentielles à certaines questions que l’on doit se poser lorsqu’une femme jeune fait un AVC :

  • Quelle est la cause probable d’un AVC ?

A cette question, il est facile de répondre, chez une femme de moins de 35 ans qui fait un AVC, la première cause retrouvée est l’utilisation d’une pilule contraceptive contenant un œstrogène car cette hormone favorise la formation de caillots qui produit phlébite (dans le mollet), embolie pulmonaire ou AVC. Les AVC liés à l’œstrogène contenu dans les pilules les plus prescrites surviennent surtout au cours de 24 premiers mois d’utilisation. La prise de pilule n’est pas source d’AVC chez toutes les femmes mais surtout chez celles qui ont une anomalie sanguine ou vasculaire préexistante (c’est le cas de Marion Larat (jeune femme qui a porté plainte).

  • Peut-on prévenir ce type d’accident ?

Les anomalies sanguines qui prédisposent aux AVC sous pilule contenant un œstrogène sont peu fréquentes. Souvent il existe des antécédents familiaux d’où l’importance lors de la consultation de connaître l’histoire médicale de sa famille.
Le bilan sanguin permet de dépister certaines femmes à risque mais pas toutes. On ne peut ni prévoir ni prévenir tous les accidents possibles ; Encore une fois le risque zéro n’existe pas.

Statistiquement parlant, les AVC sous pilules sont peu fréquents et surviennent essentiellement au cours des deux premières années de prise, chez les femmes ayant des facteurs de risque connus ou détectés, chez les femmes de plus de 35 ans qui fument et avec les pilules de 3ème et 4ème génération.

Entre le risque d’une grossesse non désirée (en l’absence de contraception : 80 grossesses pour 100 femmes par année) et le risque d’un AVC sous pilule (entre 5 et 80 AVC pour 100 000 femmes et par an).

Cependant, pas de raison de s’affoler car il exite une contraception adaptée à chacune. Avant tout arrêt d’un contraceptif consultez votre médecin généraliste ou gynécologue ou appelez la ligne gratuite qui a été mise en service par le gouvernement pour répondre aux réponses des citoyens sur les pilules contraceptives, notamment celles des 3e et 4e générations au 0 800 63 66 36

 
Cartographie de la contraception des françaises (site INPES) :

Trois modes de contraception prédominent aujourd’hui :

  • les jeunes filles de 15 à 19 ans privilégient d’abord le préservatif. Elles l’abandonnent ensuite au profit de la pilule, dont l’utilisation culmine jusqu’à 24 ans, pour décroître progressivement au bénéfice du stérilet, surtout utilisé par les femmes déjà mères.
  • Seules 5,7 % des 15-29 ans ont opté pour d’autres solutions comme les implants, les patchs, les anneaux ou encore les injections contraceptives. Un chiffre en augmentation depuis 2005 : l’utilisation de ces modes de contraception a en effet été multipliée par quatre sur cette tranche d’âge, notamment grâce à l’essor de l’implant. –

Plus d’infos sur : http://www.inpes.fr/30000/actus2013/015-contraception.asp#sthash.KphXfwmo.dpuf