Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Pourtant nous n’avons jamais dormi aussi peu et aussi mal. En France, les troubles du sommeil concernent 4 français sur 10 et font de notre pays le deuxième consommateur européen de somnifères. La somnolence au volant est quant à elle la première cause de mortalité sur la route devant l’alcool et la vitesse. To sleep or not to sleep ? Telle semble être la question du sommeil qui est devenue au fil des années un problème de santé publique.
Comprendre le sommeil
Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Pourtant nous n’avons jamais dormi aussi peu et aussi mal. En France, les troubles du sommeil concernent 4 français sur 10 et font de notre pays le deuxième consommateur européen de somnifères. La somnolence au volant est quant à elle la première cause de mortalité sur la route devant l’alcool et la vitesse. To sleep or not to sleep ? Telle semble être la question du sommeil qui est devenue au fil des années un problème de santé publique.
Selon le magazine mutualiste Mutations « Le Sommeil une valeur à soigner », le sommeil correspond à une succession de 3 à 6 cycles successifs de 60 à 120 minutes chacun. Décryptage.
Les cycles du sommeil
Le sommeil est une succession de plusieurs cycles qui comprend trois grandes phases: le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal. Le sommeil léger correspond à l’endormissement et dure une vingtaine de minutes environ. Puis c’est le sommeil profond. La température du corps chute ainsi que la pression artérielle, les muscles se détendent, les battements du cœur sont plus lents et l’activité du cerveau ralentit. C’est une phase très récupératrice qui dure entre 60 et 75 minutes. Enfin, c’est le sommeil paradoxal, le moment des rêves qui dure en moyenne entre 15 à 20 minutes. Notre corps est inerte alors même que l’activité de notre cerveau retrouve son intensité. On observe même des mouvements rapides des yeux. C’est là tout le paradoxe qui donne son nom à cette phase du sommeil. Les cycles se succèdent et s’alternent donc au cours de la nuit. Cependant, des études ont montré que le sommeil profond est plus important pendant la première moitié de la nuit tandis que le sommeil léger et paradoxal interviennent dans la seconde moitié.
Bien dormir, c’est mieux dormir
Selon le baromètre de Santé publique France, les français dorment en moyenne 1h30 de moins qu’il y a 50 ans. Pourtant nous travaillons moins depuis la réforme des 35h. Mais l’équation travailler moins pour dormir plus est une douce illusion. Les temps de transports, qui obligent à se lever plus tôt (selon une enquête menée par INPES/BVA en 2007 17 % des 25-45 ans pensent que leur temps de transport contribue à les faire dormir moins que ce dont ils ont besoin) les écrans, dont la lumière bleue stoppe la production de mélatonine (hormone du sommeil) et la pollution urbaine, entre autres, perturbent fortement le sommeil. Les français qui accumulent une dette de sommeil la semaine tombent alors dans le piège du « je dormirai plus ce week-end ». Mais rattraper ces heures de sommeil le week-end n’est effectivement pas une solution à long terme et mieux vaut conserver des horaires de lever et coucher proches de celles de la semaine pour éviter de creuser trop la « dette de sommeil ». On peut cependant faire une sieste de 20 à 30 minutes avant 16h pour récupérer. Dormir plus ne signifie donc pas forcément dormir mieux ! Chaque dormeur a son propre rythme, l’important est de s’écouter et de respecter son temps de sommeil.
Les troubles du sommeil
L’origine des troubles du sommeil est multiple. Les troubles du sommeil peuvent être dus à une maladie, à l’environnement et même au travail. Explications.
Insomnies, hypersomnies et apnées du sommeil…
Dans le dossier spécial sommeil « Bien dormir, c’est mieux vivre » la Mutualité rappelle que les troubles du sommeil peuvent se résumer à deux plaintes : « je ne dors pas assez » et « je dors trop ». 36% des français déclarent souffrir d’au moins un trouble du sommeil et seulement 18% d’entre eux suivent un traitement[1]. Parmi les troubles du sommeil les plus fréquents on retrouve les insomnies (quand le temps d’endormissement est supérieur à 30 minutes ou que l’on reste éveillé au moins 30 minutes en pleine nuit avant de se rendormir), les hypersomnies (qui sont de différents types et vont de l’hypersomnie idiopathique à la narcolespie en passant au syndrome de Kleine-Levin où les épisodes d’hypersomnies peuvent durer de 15h à 21h pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines) et les apnées du sommeil (respiration coupée pendant au moins une dizaine secondes dans le sommeil) qui touche 2,5 millions[2] de français. Des tous les cas, il ne faut pas attendre et consulter si le problème persiste. Un professionnel de santé saura définir un traitement adapté.
Les troubles du sommeil et l’environnement
L’environnement a un rôle essentiel à jouer vis-à-vis de notre qualité de sommeil. La lumière, le bruit, la chaleur sont autant de facteurs à prendre en compte si l’on veut passer une bonne nuit. Des rideaux opaques qui ne laissent pas filtrer la lumière, des doubles vitrages et une chambre entre 18 et 20° sont autant de petits gestes qui multiplient les chances de passer une bonne nuit. Mais créer un environnement favorable au sommeil n’est pas toujours facile et ne dépend pas toujours de notre seule volonté. Selon le magazine Mutations, 25 % des 25-45 ans déclarent être dérangés par les bruits à l’intérieur de la maison (TV, pleurs, disputes, enfants, etc.) et 20 % par les bruits extérieurs à la maison (voisinage, rue, aéroport, etc…). Effectivement, l’urbanisation des villes a largement contribué à la dégradation de la qualité de notre sommeil. Difficile de s’endormir avec le bruit de la rue et les voitures qui circulent… D’après le philosophe Dalibor Frioux le sommeil serait, en plus d’être une question de santé publique, devenu une affaire de politique…
Si l’on prend les injonctions culturelles dominantes, le style de vie plébiscité, c’est l’abolition du sommeil !
Sommeil et travail de nuit
Le travail de nuit concerne plus de 4,3 millions de français soit 15 à 20% des salariés en France et a de lourdes conséquences sur le sommeil. On estime en effet que les travailleurs de nuit (policiers, pompiers, infirmières, vigiles, livreurs, routiers etc.) dorment environ 1h de moins que les travailleurs de jour. 1h en moins sur un temps de repos déjà plus court qu’il y a 50 ans ça commence à faire beaucoup de temps de repos en moins… En réalité, on estime que les travailleurs de nuit dorment en moyenne 40 nuits de moins par an. De plus, les horaires décalés perturbent l’horloge biologique interne. Le corps perd ses repères et secrète, de jour, moins de mélatonine (hormone qui favorise l’endormissement). Le sommeil des travailleurs de nuit qui dorment le jour s’en trouve alors affecté. Les travailleurs de nuit ont alors plus de risques de développer sur le long terme une maladie grave comme le diabète ou le cancer ce qui représente un réel risque sanitaire.
[1] Article en ligne « Le sommeil des français 12 chiffres clés », Géo, 26/09/2018
[2] Magazine Mutations « le sommeil une valeur à soigner, n°15, Juillet 2019
La valeur du sommeil
Au fil des années, nous avons perdu en qualité de sommeil. Mais l’industrialisation et l’urbanisation ne sont pas les seules responsables de la mauvaise qualité de notre sommeil.
Une perte de temps ?
Au XXIe siècle, il semblerait que le sommeil ait perdu toute sa valeur. L’état de veille, au contraire, est de plus en plus plébiscité par nos sociétés ultra connectées. Pour 13% des 25-45 ans dormir serait même devenu simplement une perte de temps[1]. Un discours politique et collectif que déplore Dalibor Frioux, philosophe et auteur du livre « Eloge du sommeil à l’usage de ceux qui l’ont perdu ». Il affirme que le discours ambiant sur le sommeil participe à sa dévalorisation : « Dans [l]es représentations [actuelles de notre société], dormir est synonyme d’ennui, de perte de temps, d’obstacle à une vie nocturne faite d’expériences et de rencontres enrichissantes… ». Pour le philosophe tout l’enjeu est de retrouver le « désir social » du sommeil, de désobéir à ces injonctions politico-culturelles qui envisagent le sommeil comme un luxe superflu, et de prendre garde aux solutions de substitution : « Comme le sommeil naturel est de plus en plus en perdition on vous propose un sommeil de substitution, un sommeil sur ordonnance […] Ce qui est tout aussi inquiétant est que le sommeil artificiel induit un état de veille artificiel qui nécessite la prise d’amphétamine pour être en forme. Il en résulte une production d’humains « dans le gris » : ni véritablement endormi, ni tout à fait éveillés… ». Peut-être est-il temps de considérer le sommeil à sa juste valeur et de prendre exemple sur la Chine qui a inscrit la sieste dans sa Constitution ?
Les bienfaits du sommeil
Loin d’être un luxe superflu, le sommeil est un besoin vital au même titre que manger et boire. Un bon sommeil récupérateur est essentiel au bon fonctionnement de notre corps et de notre cerveau car c’est bien lorsque nous dormons que l’organisme régénère toutes les fonctions végétatives (respiration, circulation sanguine, sécrétions, défense des agressions bactériennes et virales etc.) du corps humain. En outre, le sommeil améliore notre raisonnement et notre logique mais aussi notre capacité d’apprentissage, de concentration et de mémorisation. Un sommeil de qualité réduit aussi le stress et les risques de développer une maladie mentale comme la dépression. Le manque de sommeil au contraire déséquilibre la sécrétion d’hormones comme la leptine, hormone de la satiété ou de l’insuline qui permet de faire baisser le taux de sucre dans le sang. Le sommeil est donc une valeur essentielle à notre bien-être physique et psychique et il faut en prendre soin car prendre soin de son sommeil c’est prendre soin de sa santé !