Notre contribution au schéma régional de santé 2018-2023

Schéma régional de santé 2018-2023

Le Schéma Régional de Santé représente un programme éminent, tant sur le fond que sur la forme, témoignant ainsi de sa volonté d’exhaustivité. La Mutualité Française Sud n’émet aucune opposition quant aux orientations choisies. Ce sont certaines carences et réserves que notre contribution souhaite mettre en exergue. Ce présent avis résulte d’une concertation d’acteurs mutualistes des six départements composant la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.


Une expérience non mise à profit...

Nous regrettons que le schéma régional de santé 2018-2023 ne témoigne pas des enseignements tirés des anciens Projets Régionaux de Santé. L’évaluation du Projet Régional de Santé 2012-2016 ne transparaît pas dans l’écriture du nouveau projet.

>> Il paraîtrait opportun de rendre compte, dans ce Schéma Régional de Santé 2018-2023, de l’effectivité du précédent Projet et d’en tenir compte notamment au niveau du coût, de la faisabilité et de la pertinence des actions menées.

Un Schéma qui questionne quant à sa faisabilité

Les objectifs fixés sont à la fois nombreux et ambitieux. Les critères évaluatifs et les moyens alloués ne sont pas décrits.

>> Pour apporter du crédit à cet outil, il s’avérerait pertinent de prioriser les objectifs dans une démarche globale avec une déclinaison d’objectifs opérationnels (spécifiques, mesurables, adaptés, réalistes et temporels) pour y parvenir. 

Un parcours « Maladies chroniques » dépourvu de prévention primaire

Alors que l’enjeu du parcours « maladies chroniques » est d’infléchir la courbe de progression de ces maladies, le déroulé des objectifs opérationnels n’octroie qu’une place minime et abstraite à la prévention primaire. Le repérage précoce aura un impact certain sur la prévalence, mais pour diminuer l’incidence, c’est bien la promotion de la santé qui pourra témoigner de son efficacité.

>> Nous recommandons d’impulser un projet d’envergure pour transmettre aux citoyens l’ensemble des données scientifiquement validées leur permettant de faire des choix éclairés concernant leur santé et la réduction de leurs risques de maladie chronique.

Une démarche de prévention omniprésente mais abstraite...

Le nouveau Projet Régional de Santé composé d’un Schéma Régional de Santé unique témoigne de sa volonté de respecter la Stratégie Nationale de Santé qui est d’inclure la prévention, dans tous les milieux de vie et tout au long de la vie. Cette vision globale de la santé est encourageante quant au changement de notre système de santé construit sur une approche curative.

Du fait de la complexité de la prévention et de sa nature protéiforme, nous recommandons de :

>> Mettre en exergue, au sein de chaque parcours, le déploiement souhaité de la prévention et de la promotion de la santé.
>> Garantir un budget alloué à la Prévention et Promotion de la Santé et ce, de manière pérenne.

Une offre libérale inégalement répartie

L’offre libérale de notre région est supérieure à la moyenne nationale mais inégalement répartie sur le territoire. Notre région, marquée par la scission de notre territoire juxtaposant littoral et montagne, attire les libéraux en zone littorale au détriment des zones de montagne.

La Mutualité Française Sud préconise :

>> D’ériger un plan pour contrebalancer cette tendance.
>> De prendre en compte les spécificités des territoires de Montagne.

Une région hétérogène et vieillissante

La région Provence Alpes Côte d’Azur, dont l’indice de vieillissement est le cinquième plus élevé de France marque, dans ce Schéma Régional de santé, sa volonté de maintenir ses seniors à domicile. Préserver l’autonomie des seniors est une priorité que la Mutualité Française Sud porte également.

Compte-tenu du vieillissement de la population conséquent annoncé pour notre région, nous recommandons, en complément de cette volonté de maintien à domicile, une réelle recherche de solutions de second recours adaptées à notre population par l’amélioration de l’existant :

>> Concernant les EHPAD : améliorer l’accessibilité financière des seniors à ces structures, assouplir l’autorisation du nombre de places en EHPAD en fonction des demandes reçues et augmenter de manière significative les moyens des EHPAD afin d’assurer un accueil digne à nos anciens.
>> Concernant l’offre de soins à domicile : renforcer l’offre à domicile afin d’éviter que notre population âgée sujette à des pathologies pas nécessairement graves, mais n’ayant pas de médecin traitant se déplaçant à domicile, soit contrainte d’avoir recours aux services d’urgences.

Le vieillissement de la population concernant également les personnes en situation de handicap, il est fondamental que les spécificités de cette population soient prises en compte afin qu’elles soient aussi bénéficiaires de ces améliorations.

Des départements aux contraintes diverses

Le département des Alpes de Haute-Provence est marqué par une forte problématique de mobilité. Alors que le manque de médecin traitant impose de se déplacer, l’offre de transport en commun s’amenuise et le défraiement des remboursements de bons de transport disparaît progressivement. Ce département assiste de manière impuissante à la concentration de l’offre de soin sur les centres urbains dynamiques avoisinants. Cette problématique de mobilité impacte également l’accès à la prévention et à la culture, qui induisent des situations d’isolement surtout chez les personnes âgées.

Le département des Hautes-Alpes est confronté à une concentration des professionnels sur deux villes et une absence de prise en compte des distances, des temps de déplacement et des saisons. Cette absence de considération de la vie de montagne va à l’encontre de l’égalité des citoyens en matière de santé, principe fondamental de notre société.

Le département des Alpes-Maritimes affiche une barrière littoral/arrière-pays très marquée avec une concentration de l’offre libérale en bord de mer. Cette offre médicale localement importante entraîne une recrudescence d’offre tarifaire de secteur 2 qui elle-même engendre une concurrence sauvage avec l’arrivée d’offres low-cost. Les Alpes-Maritimes recensent également une part importante de personnes de plus de 60 ans pour lesquelles le service à la personne et les établissements d’hébergements sont insuffisants.

Le département des Bouches-du-Rhône se caractérise par ses inégalités. Les disparités économiques prédominent. Alors que le taux de pauvreté est le deuxième plus important de la région après le Vaucluse, le  revenu médian du département est légèrement au-dessus de la région. En outre, alors que l’ensemble de la région est concernée par la problématique de pollution, le pôle urbain de Marseille et la zone industrielle de Fos-Etang de Berre sont particulièrement concernés.

Le département du Var est si fortement marqué par le clivage littoral/arrière-pays que l’offre de santé est concentrée sur le littoral. Cette concentration de l’offre sur une partie du département va à l’encontre de l’égalité des citoyens en matière de santé, principe fondamental de notre société.

Le département du Vaucluse, premier sur la région et septième au niveau national pour le niveau de pauvreté, subit une pénurie en médecins généralistes. Plusieurs communes du département sont contraintes de faire appels à des médecins étrangers.

Ces différents constats, nous amènent aux propositions suivantes :

>> Assurer une meilleure répartition des professionnels de santé en encadrant leur installation sur le territoire
>> Augmenter le numérus clausus médecine.
>> Impulser un plan de prévention de la pollution ayant pour objectif d’améliorer le niveau de protection des salariés et populations voisines des sites pollueurs.
>> Définir des critères de mesures de qualité de l’air fiables et claires, partagés avec la population et ceux qui la représentent.
>> Intégrer les centres de santé aux Communautés Professionnelles Territoriales de Santé.
>> Déployer dans chaque département, une offre d’accueil et de services à la personne tenant compte des spécificités de son territoire et des besoins de sa population.
>> Répartir les actions de prévention et de promotion de la santé sur le territoire.

Pour conclure, le Schéma Régional de Santé reflète une ambition de grande envergure pour lequel il parait opportun de réaliser un suivi annuel ainsi qu’une évaluation rigoureuse au bout de ses cinq années de déploiement, ceci afin de posséder une base de référence solide pour la construction du Projet suivant.

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