L’Economie sociale et solidaire en ordre de marche

@mutpaca : Denis Philippe, quel bilan tirez-vous de cette première conférence régionale de l’ESS ?
Denis PHILIPPE : Nous avons réussi à démontrer que l’ESS n’était pas la voiture balai de l’économie. Depuis la loi de 2014, nous, entreprises de l’ESS, avons fait la démonstration du dynamisme de notre secteur d’activité. Il y a eu une vraie prise de conscience du poids économique de l’ESS. Ce sont des entreprises qui prennent des risques, qui innovent, qui génèrent des emplois non délocalisables. Elles sont très diverses et couvrent aussi de nombreux champs d’activité à forte plus-value sociale.

Il faut cesser de vouloir créer de nouvelles formes économiques, de nouveaux modèles capitalistes. Sur bien des sujets, les entreprises de l’ESS sont meilleures mais je dois reconnaitre que nous savons mal le valoriser. Pourtant, nous avons réussi la mutualisation, la proximité est inscrite dans notre ADN, le secteur associatif fait la démonstration du lien social et la coopération est un modèle économique qui résiste…Il faut arrêter de se faire donner des leçons par des entreprises dont le seul objectif est le profit. Un de nos prochains défis, à nous acteurs de l’ESS, sera de faire la démonstration de cette excellence.

@mutpaca : Quels sont vos autres défis ?
D.P: Il reste beaucoup de choses à construire pour les acteurs de l’ESS et pour la CRESS Paca. Une de nos premières missions sera de nous unir, de nous fédérer.
Nous devons également poursuivre notre investissement dans les travaux pilotés par la Région pour la construction du Schéma Régional Economique (SRE). Nous avons d’ores et déjà formulé des propositions fortes sur les thèmes de la formation, du tourisme, de l’emploi, du développement économique, du foncier bâti, de la vie associative ou encore de la culture… Le SRE devrait être publié au printemps, nous verrons ce que la Région aura retenu de nos propositions.
C’est aussi pour cela qu’il est nécessaire que la chambre s’émancipe financièrement. Nous devons pouvoir être un soutien financier pour les projets de nos entreprises. Pour cela, nous allons nous doter d’outils. Que ce soit du micro-crédit pour soutenir le secteur associatif qui souffre des baisses de subventions ou la création d’un fonds de dotation plus conséquent. Concernant ce dernier, il devrait voir le jour prochainement et sera doté de 20 millions d’euros cofinancés par la Région, la Chambre et l’Europe.
La CRESS, quant à elle, poursuit sa feuille de route et notamment son objectif de 1000 adhésions à 3 ans afin de garantir son équilibre financier de manière pérenne. Au début de ma mandature, il y a 2 ans, la Chambre comptait 35 adhérents, aujourd’hui nous en comptons 250. Il faut donc poursuivre cet effort et je suis confiant. Nous avons également recentré nos missions au sein de la CRESS afin d’offrir un meilleur service à nos adhérents.

@mutpaca : Et les Mutuelles dans tout cela ?
D.P : Actuellement nous avons 10 mutuelles qui adhèrent en direct à la CRESS et ce n’est pas pour rien ! Certaines font partie de grands groupes et ont compris que le pouvoir économique aujourd’hui était aux régions. Les Mutuelles sont des acteurs de poids pour construire notre projet ESS. Elles devront prendre toute leur place au sein de l’ESS afin d’expliquer ce qu’est le mouvement mutualiste et aussi pour construire des partenariats avec des banques ou des associations de l’ESS qui leur permettront de développer leurs activités avec des structures qui partagent leurs valeurs de solidarité, de plus-value sociale.

Téléchargez la synthèse de la 1ère Conférence Régionale de l’ESS :