Préoccupation majeure dans notre région, où coexistent de nombreuses disparités et inégalités, la Mutualité Française Provence-Alpes-Côte d’Azur propose un débat sur l’accès aux soins au niveau régional fin mars à Marseille. L’objectif est d’en mesurer les enjeux et de formuler des propositions afin d’améliorer l’articulation entre soins de premiers recours et hôpital.
Jean-Paul Benoit, Président de la Mutualité Française Provence-Alpes-Côte d’Azur rappelle l’importance de ce débat.
@mutpaca : Pourquoi l’accès aux soins est l’une de vos préoccupations majeures ?
Jean-Paul Benoit : Une personne sur trois renonce à des soins et ce chiffre est en constante augmentation depuis dix ans, c’est un problème majeur de protection sociale. Ce n’est pas pour rien que la santé est une des toutes premières préoccupations des individus.
Le renoncement aux soins est dû en premier lieu aux difficultés financières, entre dépassements d’honoraires, restes à charge élevés, accès à une complémentaire santé… Mais il peut aussi être lié à l’éloignement géographique et à la désertification médicale, comme nous pouvons le constater dans de nombreux secteurs ruraux ou périurbains.
Notre système sanitaire est en crise et de nouvelles solutions doivent être mises en œuvre pour maintenir une offre de qualité accessible à tous.
@mutpaca : Comment expliquez-vous la transformation du secteur médical ?
Jean-Paul Benoit : les progrès scientifiques ont fait évoluer la médecine. Les nouveaux médecins sont formés dans les CHU à une médecine d’équipe pluridisciplinaire adossée à des plateaux techniques de pointe. Quand ils ont terminé leurs études on leur propose d’exercer isolé dans un cabinet selon un modèle hérité du XIXe siècle. Ce n’est pas le métier qu’ils ont appris, ils n’en veulent pas.
Si l’on ajoute les contraintes sur la vie familiale et personnelle, on arrive au constat que 90 % des jeunes médecins ne s’installent pas en libéral. Ils préfèrent être salariés et travailler en équipe.
A cette crise de la médecine libérale s’ajoutent les difficultés de l’hôpital qui, à force de réduction des moyens, en arrive à être en difficulté, comme par exemple lors des épidémies annuelles de grippe. Les personnels hospitaliers sont surchargés, ils sont à bout, et là aussi des postes sont vacants faute de candidats. Cela ne peut plus durer.
@mutpaca : La Mutualité Française a-t-elle des propositions à faire ?
Jean-Paul Benoit : Pour répondre aux besoins sanitaires il faut décloisonner les pratiques. Les centres de santé et les maisons de santé sont des modes d’exercice en équipe correspondant à ce qu’est la médecine du XXIe siècle. Des modes d’exercices mixtes entre ces structures et les hôpitaux de proximité permettraient de renforcer leur attractivité. Les médecins y exerçant pourraient se voir proposer des temps partiels dans les hôpitaux. Ils renforceraient ainsi l’offre hospitalière en trouvant le statut de salarié auquel ils aspirent. Réciproquement, les spécialistes hospitaliers pourraient pratiquer des consultations avancées dans les structures de proximité.
Nous allons mettre en débat ces propositions avec l’ensemble des participants, qu’ils soient intervenants de la table ronde, représentants du secteur sanitaire ou usagers de santé. Je suis convaincu de la qualité des échanges lors de ce débat fera émerger des idées novatrices.