Dans le cadre de Place de la Santé, l’union régionale a invité les représentants des entreprises, l’UPE13, la CPME13 et la CRESS Paca à débattre de l’impact du numérique sur le monde du travail. Retour sur ces échanges et sur la vision mutualiste pour une société plus juste avec l’organisateur de ce temps fort, Olivier TECHEC administrateur de la Mutualité Française Paca.
@mutpaca : Quelle synthèse faites-vous de ces récents échanges ?
Olivier TECHEC : Malgré les divergences que nous pouvons avoir nous sommes d’accord sur les constats, le monde du travail évolue et va encore évoluer, le numérique n’y est pas étranger, mais les parcours de vie, les nouvelles générations aussi. Il est difficile de prévoir ce que sera demain le travail car nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Nous devons toutefois nous y préparer afin de mieux anticiper ces transformations, notamment en faisant en sorte que notre système de protection sociale demeure en capacité d’accompagner ces mutations professionnelles.
@mutpaca : Comment anticiper quelque chose que nous ne connaissons pas ? Quelle est la vision mutualiste ?
O.T : Commençons par regarder où nous en sommes aujourd’hui : les évolutions de notre société créaient des brèches dans ses principes fondateurs même, tout particulièrement en matière d’égalité. Si la sécu de 45 était basée sur le plein emploi, la situation actuelle du monde du travail ne permet pas d’assurer une véritable solidarité nationale. A cela il faut ajouter les accidents de la vie de plus de plus fréquents (maladie, perte d’emploi) faisant basculer des familles entières dans la précarité, nos anciens qui vivent plus longtemps rendant cruciale la question de la dépendance, l’explosion du renoncement aux soins et je passe sur l’immense précarité sociale et sanitaire des personnes en situation de handicap. Si notre projet de société consiste aussi à offrir une sécurisation accrue des trajectoires de vie et des parcours professionnels, alors nous devons actualiser notre système de protection sociale en laissant notamment une part plus large à l’innovation sociale.
@mutpaca : Et comment cela se traduit-il ?
O.T : La liste est longue mais nous pouvons citer l’emploi des jeunes, revalorisons l’apprentissage et l’alternance par exemple. Sortons des recrutements basés sur le sacro-saint CV. Des expérimentations « d’entreprises apprenantes » se développent c’est une idée intéressante. Pourquoi ne pas envisager la mise en place d’un revenu minimum pour les travailleurs indépendants qui déposeraient le bilan. Les mutualistes sont profondément attachés à une société basée sur la justice sociale. Définissons notre projet de société tout en conservant ce caractère universel et solidaire de notre protection sociale. Toutefois, les seuls actifs ne pourront pas être les seuls à le financer, il faut en élargir l’assiette. Sur le plan sanitaire, nous devons sortir du tout curatif et développer de vraies politiques de prévention en y allouant les moyens. Sur le plan du social et médico-social, nous manquons aussi cruellement de structures d’accueil intermédiaires pour les personnes âgées en perte d’autonomie, de foyers logement pour les personnes handicapées. Les mutualistes y répondent largement au travers de leurs services de soins et d’accompagnement mais cela ne peut être au prix d’un désengagement des pouvoirs publics.