Depuis de nombreuses années la Mutualité œuvre pour la réduction des risques chez les adolescents. Aujourd’hui son tout nouveau programme « Parfait imparfaits, et alors ?» prend de l’ampleur en élargissant son offre en matière de thématiques, de bénéficiaires et de tranches d’âge. Pour lancer ce nouveau programme et à l’occasion de leur 10 ans de partenariat, elle a coorganisé avec la Ville de Valbonne Sophia Antipolis, une rencontre sur la parentalité avec comme point d’orgue l’intervention du spécialiste Serge Tisseron. Explications de cette démarche avec Jocelyne Coustau, Vice-présidente de la Mutualité Française Sud et Présidente de la commission prévention et promotion de la santé.
Pourquoi choisir de développer votre programme d’accompagnement à la parentalité ?
Jocelyne Coustau : être parent a toujours été compliqué. Déjà au 17e Harry Buxton, le poète britannique déclarait : « Avant d’être marié, j’avais 6 théories sur la façon d’élever les enfants ; maintenant, j’ai 6 enfants et plus de théorie… » !
Toutefois, force est de constater que la fonction parentale a profondément muté ces dernières décennies, tout comme celle de l’enfant d’ailleurs ! Nous sommes passés d’un enfant destiné à prolonger une lignée et servir de bâton de vieillesse à ses parents au règne de l’enfant roi. A un enfant choyé par la société de consommation, à coup de menus enfant dédiés dans les restaurants ; de chaînes commerciales de vêtements, de jouets, de littérature spécifique, de films, d’émissions voire de chaînes de télés spécialisées en fonction de l’âge des enfants… Tout cela prospérant sur le terreau du monde de l’enfance pour le plus grand profit d’un marché planétaire en pleine expansion.
Dans ces conditions, comment exercer son rôle de parent ?
J.C : Aujourd’hui, on peut presque parler de métier puisque finalement c’est comme s’il fallait maîtriser une grande quantité de compétences pour élever son enfant. Comme pour un vrai métier ! Mais un métier qui n’a rien d’évident tant il est exigeant, parfois angoissant, voire éprouvant.
Comment exercer son métier de parent dans des familles recomposées, ou monoparentales ? Avec des mères qui travaillent et qui sont à bout de nerf, avec des enfants rois qu’il faut tenter de faire obéir, sans punir, sans crier, etc… Et cela à l’heure où smartphone, télé, tablette, consoles de jeu, réseaux sociaux, Internet ont envahi nos vies. Comment passer de l’emprise à la maîtrise de cette technologie qui s’est imposée autour de nous et qui est presque dans l’air que nous respirons… En cela, la parole de Serge Tisseron peut être de bon conseil.
Ce rôle ou « métier » s'avère effectivement de plus en plus compliqué à assumer. Comment se traduit l’action de la Mutualité ?
J.C : Nous intervenons déjà depuis de nombreuses années sur la prévention des risques chez les adolescents. L’adolescence est une période spécifique de la vie où l’on est souvent plus sensible, plus inventif, mais aussi plus radical, révolté et donc plus vulnérable. Notre action en direction des parents est donc de les informer sur ce qui se passe chez leurs ados, de tenter de réduire le stress et peut être aussi dédramatiser certains sujets comme la sexualité, les addictions, les substances nocives et les comportements alimentaires risqués en matière de surpoids et obésité. Notre action s’étoffe puisque nos ateliers « Parents Imparfaits, et alors ? » sont dédiés aux parents d’enfants plus jeunes. C’est cette logique qui nous a guidé pour organiser notre rencontre « Adolescence ; un jardin à cultiver »
Et pour cela, il nous semblait important avec notre partenaire historique de Valbonne Sophia Antipolis que cette rencontre soit rythmée par des tables rondes, des ateliers, un village associatif et qu’elle se clôture par la conférence de Serge Tisseron. Nous sommes satisfaits car nous souhaitions nous adresser aussi bien aux parents qu’aux professionnels, en cela le pari a été gagné. Cela nous conforte aussi dans notre démarche de continuer à accompagner les parents via notre programme « Parents imparfaits, et alors ? »
Qui est Serge Tisseron ?
Serge Tisseron, est psychiatre, docteur en psychologie et membre de l’Académie des technologies, chercheur associé à l’Université Paris VII. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et contributions dont plus de la moitié portent sur nos relations aux objets technologiques, notamment ceux dont l’interface utilise un écran.
Ses livres sont traduits dans 11 langues et Il est co-rédacteur de l’avis de l’Académie des Sciences « L’Enfant et les écrans ». Il est connu pour avoir créé la règle du « 3 – 6 – 9 – 12 » qui donne des repères sur l’utilisation des écrans en fonction de l’âge de l’enfant et vos travaux sur l’exposition raisonnée aux écrans font référence.
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