Secrétaire générale d’Adréa Mutuelle, Pascale Vion est Vice Présidente de la Mutualité Française. Fin 2014, elle a présenté, au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité du CESE présidée par Mme Geneviève Bel, une étude «Combattre toutes les violences faites aux femmes, des plus visibles aux plus insidieuses ». Sur le plan local, Pascale Vion est administratrice de la Mutualité Française Paca Services de Soins et d’Accompagnement Mutualistes (SSAM).
@mutpaca : Vous avez présenté le 25 novembre dernier l’étude du CESE sur les violences faites aux femmes, si vous deviez la résumer en quelques lignes, que faudrait-il en retenir ?
Pascale Vion : Les violences faites aux femmes sont multiples. Cela va des agressions sexuelles, aux violences conjugales, aux formes modernes de l’esclavage, en passant par la prostitution, les mutilations sexuelles, le sexisme, le harcèlement au travail ou les harcèlements de rue. Ce qu’il faut en retenir c’est qu’aucune d’entre elles n’est anodine et ne peut être traitée à la légère. Ensuite, ce qui est frappant est que 83% des victimes de viols connaissent leur agresseur, on est loin du cliché de l’attaque sauvage d’un inconnu, le soir au fond d’une ruelle sombre…
Enfin, puisqu’il faut être brève, ces agressions sont trop souvent tues : soit parce que les femmes victimes ont peur de se confier, ou trop souvent parce que c’est dérangeant pour l’entourage qui ne sait quoi faire et préfère détourner le regard. C’est incroyable de se dire que nos sociétés d’aujourd’hui ne sont pas en capacité de traiter ces questions et de les éradiquer. Pourtant les violences faites aux femmes ne sont pas inéluctables et y remédier constitue une véritable urgence sanitaire et sociétale !
@mutpaca : En quoi les Mutuelles peuvent-elles agir ?
Pascale Vion : Elles peuvent agir sur deux plans. Le premier étant leur cœur de métier : la gestion du risque et la prévention santé. Outre, le fait que les violences faites aux femmes soient inacceptables, l’ampleur des conséquences sanitaires, économiques et sociales sur les victimes – mais aussi leurs proches – sont à prendre en considération. Les Mutuelles auraient tout intérêt à l’intégrer dans leur programme de prévention et promotion de la santé notamment auprès du jeune public. À la fois, pour détecter toute forme de violence mais aussi pour éduquer les enfants au respect de l’autre et à l’égalité sur le principe de laïcité, socle de la République Française.
Le second plan sur lequel elles peuvent agir est l’évolution des mentalités. Les violences faites aux femmes sont souvent banalisées, minimisées. Les victimes sont culpabilisées, décrédibilisées, c’est tout à fait intolérable : il faut que nous changions. Les mutuelles en tant qu’employeurs peuvent mener des actions de sensibilisation au harcèlement au travail mais aussi aux victimes hors milieu professionnel. Elles peuvent aussi sensibiliser et informer leurs adhérents de l’importance de l’écoute pour détecter des victimes et connaître les dispositifs où les orienter comme le 3919. De longue date, les mutuelles ont été à l’origine de nombreuses innovations sociales, elles sont donc tout à fait légitimes, aujourd’hui, pour faire bouger les lignes, changer le regard de la société sur ce fléau.
@mutpaca : Vous organisez avec SOS solidarité femmes des Bouches-du-Rhône, le Centre Hospitalier Pays d’Aix (CHPA) et l’union régionale, un colloque sur les violences faites aux femmes, le 1er juin. Qu’en attendez-vous ?
Pascale Vion :Nous nous sommes questionnés avec les services prévention et communication de l’union régionale aux moyens de faire vivre cette étude. Comment pouvions-nous agir à notre niveau ? L’idée de ce colloque est arrivée assez rapidement, nous nous sommes rapprochés des acteurs de terrain, notamment de SOS solidarité femmes qui gère nationalement le 3919 et avons projeté de sensibiliser et informer professionnels et grand public aux violences faites aux femmes. Cette première édition se veut très généraliste. Elle se décomposera en 3 temps : l’état des lieux, la détection et les solutions de prise en charge : comprendre, repérer et agir. Nous espérons mobiliser un maximum d’acteurs du secteur et surtout du grand public.
Lien vers l’étude : http://www.lecese.fr/content/le-cese-se-prononcera-sur-les-violences-faites-aux-femmes-des-plus-visibles-aux-plus-insidieuses
Des chiffres accablants
200 000 femmes victimes de violences conjugales, dont 10% seulement portent plainte.
83 000 de femmes ont déclarés avoir été victimes de viols ou tentatives de viols/an.
20% des femmes actives déclarent avoir une situation de harcèlement sexiste ou sexuel, on passe à 61% d’écolières, collégiennes et lycéennes au sujet d’agressions ou d’insultes sexistes dans un établissement scolaire.
20% c’est aussi la proportion de femmes ou jeunes filles qui ont été victimes de harcèlement de rue ou d’agressions verbales.